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MOSCOU-PARIS, L’EXODE RUSSE EN FRANCE IL Y A 100 ANS

MOSCOU-PARIS, L’EXODE RUSSE EN FRANCE IL Y A 100 ANS

 

Une journée-événement imaginée et présentée par Macha Méril.

 

Au programme : 

Par une soirée neigeuse et un vent de nord-est, le 16 février 1920, un groupe de Russes s’embarquent à Yalta sur un petit caboteur grec avec à son bord le producteur Ermolieff, les réalisateurs Protazanov et Volkoff, les acteurs Mosjoukine, Lissenko, Rimsky, les opérateurs Bourgassoff et Toporkoff, etc. Via Constantinople, ils débarquent à Marseille et à peine arrivés, en juin 1920, ils fondent à Montreuil, banlieue de Paris, une société de production dans un ancien studio Pathé. Ils ont pour seules richesses enthousiasme et savoir-faire car ce sont des professionnels ayant fait leurs preuves dès les années 1910 en Russie. C’est une ruche bourdonnante, le seul studio entièrement russe fonctionnant à l’étranger, une aventure unique.

À partir de 1922, cette société prend le nom d’Albatros. Elle est dirigée par Noé Bloch et surtout Alexandre Kamenka. Sous son impulsion, aux Russes s’ajoutent des Français comme René Clair, Jean Epstein, Marcel L’Herbier, Jacques Feyder, Charles Vanel… Le cinéma français de l’entredeux-guerres ne se conçoit pas sans les productions Albatros qui alternent succès commerciaux et films plus exigeants, et sa star Ivan Mosjoukine, inoubliable Kean et Casanova. Abel Gance le voulait  pour jouer Napoléon. Si l’affaire ne se fit pas, tous les autres Russes participèrent devant et derrière la caméra à l’épopée de Gance (y compris le gamin jouant Bonaparte enfant). La maison ferma boutique en 1939 avec la montée des périls de la seconde guerre mondiale.

Mais Kamenka remit l’ensemble de ses archives papier et films à Henri Langlois pour qui ce fut l’embryon de la Cinémathèque Française. La famille Kamenka avait tout perdu à la Révolution mais pas rancunier, Alexandre produisit la première co-production francosoviétique : Normandie-Niémen (1960) comme pour sceller les liens entre la France et la Russie par-delà les aléas de l’histoire.