CARGO 200 - ГРУЗ 200
Russie . 2007 . Couleur . 1h25
Production : CTB
Réalisation : Alexeï Balabanov
Scénario : Alexeï Balabanov
Image : Alexandre Simonov
Musique : Chansons des années 70 et 80
Avec Agnia Kouznetsova, Alexeï Polouïan, Léonide Gromov, Alexeï Serebriakov, Léonide Bitchevine, Natalia Akimova, Youri Stepanov, Alexandre Bachirov…
Un distingué professeur d’université rend visite à sa mère, au fin fond de la province, et découvre avec horreur une société ensauvagée. C’est un instantané de la Russie profonde en l’an 1984, au mitan de la guerre d’Afghanistan. Dans le jargon militaire l’expression « Cargo 200 » désigne un cercueil contenant le corps d’un soldat mort.
Commencée imprudemment sous Brejnev en décembre 1979 et terminée sans gloire par Gorbatchev en février 1989, cette guerre reste une plaie toujours à vif. À ce sujet controversé et douloureux qu’il aborde presque vingt ans après la fin du conflit, Balabanov ajoute une galerie humaine monstrueuse. D’ailleurs, de nombreux acteurs pressentis refusèrent le projet. Certes, Balabanov aurait pu atténuer son propos mais il vomit les tièdes.
Selon Andreï Kontchalovski, Balabanov est « un metteur en scène extraordinaire et génial » qui a réalisé ici « un film insupportablement difficile à regarder, inouï de naturalisme, pas du tout esthétique, très sensuel aussi tout en parlant de la dégueulasserie de la vie. » Une comparaison avec l’écrivain Edouard Limonov (disparu en mars 2020) s’impose. Dans « Autoportrait d’un bandit dans son adolescence » et « Le petit salaud », Limonov raconte sa jeunesse à Kharkov dans les années 50 avec la même crudité.
On a reproché à Balabanov d’avoir noirci à dessein le tableau. Il s’en est défendu en rappelant que tout était vrai, basé sur son expérience personnelle et des rencontres authentiques. Comme l’a dit Nicolas Gogol : « Ne crache pas dans le miroir si ta gueule est de travers. »