L’INONDATION - НАВОДНЕНИЕ
France-Russie . 1993 . Couleurs . 1h39
Production : Erato Films, Mosfilm, La Sept Cinéma, Ima Films
Réalisation : Igor Minaev
Scénario : Jacques Baynac, Bernard Stora (d’après la nouvelle d’E. Zamiatine)
Image : Vladimir Pankov
Musique : Anatoli Dergatchev
Avec Isabelle Huppert, Boris Nevzorov, Svetlana Krioutchkova, Maria Lipkina, Andreï Toloubeev, Natalia Egorova…
Il était une fois à Petrograd, dans les années 1920, un couple bancal. Sofia espère que la venue d’un enfant empêchera son mari Trofim de la quitter. Mais l’attente est vaine, point d’enfant en vue. Là-dessus, Ganka, une très jeune orpheline, devient leur voisine. Rapidement, Trofim en fait sa maîtresse, au grand dam de Sofia délaissée. Mais profitant d’une inondation, Sofia se débarrasse de sa rivale. Tout le monde croit que l’adolescente a fugué. Et miracle, Sofia est enceinte. Le couple se rabiboche. Mais dans la fièvre de l’accouchement, Sofia avoue son acte monstrueux.
Ce drame naturaliste au ton épuré ne fait pas de cadeau aux personnages. Le style classique de la mise en scène, le décor aux tons sourds et la finesse du jeu des acteurs rendent bien la nouvelle d’Evguéni Zamiatine de 1929. L’écrivain est sans illusions sur la nature humaine, sa violence et ses zones d’ombre. Son chef-d’oeuvre, le roman futuriste “Nous autres”, imaginait dès 1920 les possibles totalitarismes à venir. Interdit en URSS mais traduit et publié dès 1924 aux Etats-Unis, il influença Aldous Huxley pour son “Meilleur des mondes” (1932) et le “1984” de George Orwell.
Le cadre de cette histoire ne pouvait être que Saint-Pétersbourg, alias Petrograd, cette ville surgie de l’eau et des marais. Une ville maudite selon le poète Pouchkine qui a fait d’une inondation la clef de son poème “Le Cavalier d’Airain” (1837).