J'AI VINGT ANS - ЗАСТАВА ИЛЬИЧА
URSS . 1964 . N&B . 2h44
Production : Studios Gorki
Réalisation : Marlen Khoutsiev
Scénario : Marlen Khoutsiev, Guennadi Chpalikov
Image : Margarita Pilikhina
Musique : Nikolaï Sidelnikov
Avec Valentin Popov, Nikolaï Goubenko, Stanislav Lioubchine, Marianna Vertinskaïa, Svetlana Svetlitchnaïa, Svetlana Starikova, Lev Prygounov, Sacha Blinov…
Scène d’ouverture : trois hommes patrouillent dans les rues de Moscou à l’aube, un marin, un garde rouge et un soldat de 1941. Puis surgit Sergueï, de retour du service militaire. Il retrouve mère et soeur dans l’appartement communautaire et renoue avec ses copains, Slava déjà chargé de famille et Kolia un joli coeur insouciant. Chacun cherche sa voie non sans peine. Slava regrette sa liberté, Kolia est confronté à des combines qui le rebutent. Et Sergueï vit un amour compliqué avec Ania, jeune fille gâtée. L’amitié en prend parfois un coup. Mais à qui demander conseil ? Les pères sont morts à la guerre ou se sont compromis avec le système stalinien.
L’héritage révolutionnaire et les inquiétudes d’une génération orpheline sont les deux thèmes majeurs du film qui reflète l’atmosphère fiévreuse des années 60. Le Dégel a remis l’humain au centre du projet socialiste mais le passé pèse de tout son poids. Deux moments de grâce permettent de souffler. La manifestation du 1er mai où les gens communient dans la liesse (entièrement jouée : aucun portrait de dirigeant sur les pancartes) ; la soirée poétique du Musée Polytechnique (entièrement vraie : sur la scène, tous les jeunes poètes défilent – Evgueni Evtouchenko, Andreï Voznessenski, Boulat Okoudjava, etc.). Ces envolées lyriques alternent avec des scènes plus sèches : la soirée de la jeunesse dorée où Kontchalovski et Tarkovski sont délicieusement odieux. Malgré l’aval initial, plusieurs passages irritent les autorités. Tourné en 1961 et appelé La Porte d’Illitch, le film sort en 1964, fortement remanié, sous un nouveau titre, J’ai vingt ans. Entretemps, frustré de voir son travail saccagé, le scénariste G. Chaplikov écrit une version enjouée acceptable, Je m’balade à Moscou (1963). Cinéaste majeur mort en 2019, Marlen Khoutsiev effectue, selon Kontchalovski, une « révolution esthétique ». En 2017, la Cinémathèque Française lui a offert une rétrospective méritée.